Après deux années de veille médiatique, QuotaClimat publie ce jour un rapport international révélant une augmentation alarmante des discours de désinformation climatique dans les médias d’information.
Entre 2022 et 2024, QuotaClimat a identifié une hausse significative des discours remettant en cause le consensus scientifique sur le changement climatique. À ce jour, 22 saisines pour des cas détectés manuellement ont été déposées auprès des instances de régulation et d’auto-régulation (Arcom et CDJM) par QuotaClimat. 12 sont encore en cours d’instruction et 5 ont donné lieu à des avis positifs, mises en garde et une sanction financière de 20 000€ (première mondiale).
Dans ce rapport intitulé "Climate disinformation goes mainstream : time for strong media watchdogs” (dans sa version française, “Contre l’essor de la désinformation climatique, les médias sont des remparts indispensables”), QuotaClimat définit la désinformation climatique comme les discours remettant en question l’existence du changement climatique, la responsabilité humaine, sa gravité, ou encore les solutions préconisées par le GIEC, sans contextualisation ni contradiction.
Il ne s'agit ni d'un désaccord politique sur les stratégies énergétiques ou économiques, ni d’une question de cadrage éditorial ou de priorisation.
Cette distinction est indispensable pour éviter à la fois la sur-réaction, qui nuirait au débat démocratique et à la liberté d'expression, et la sous-réaction, qui laisserait place à prolifération de la désinformation non modérée dans l'espace public.
Loin d'être un enjeu lointain ou théorique, la désinformation climatique est un poison puissant ayant des impacts matériels sur certaines populations, sur la compétitivité économique et la démocratie.
Ce rapport soutient que le vide juridique et les failles du cadre de régulation rendent le système médiatique dans son ensemble vulnérable à la désinformation climatique.
Alors que la couverture médiatique des enjeux environnementaux est en baisse (-30% entre 2023 et 2024 dans l’audiovisuel français selon l’Observatoire des Médias sur l’Ecologie), ce rapport alerte sur les risques d'une dérive informationnelle sur les enjeux écologiques.
Le coût de l’inaction est clair : une paralysie démocratique, un risque de capture du débat public par des intérêts sectoriels, une désinformation industrialisée, et un recul des politiques environnementales. C’est-à-dire des répercussions directes sur le pouvoir d'achat, des risques sanitaires non anticipés, des violences décomplexées envers les défenseurs de l'environnement, un système d'assurance inadapté aux aléas climatiques, entre autres.
Pour cette raison, la passivité n'est pas une option. Face à ces menaces, l'enjeu est double : renforcer la régulation des médias tout en préservant la liberté éditoriale. La lutte contre la désinformation ne vise pas à museler le débat mais à garantir un espace démocratique cadré, où le droit é une information fiable coexiste avec la liberté d’expression.
Ce que propose QuotaClimat :
1. Renforcer le cadre régulateur existant pour sanctionner la désinformation climatique avérée, et valoriser le travail journalistique fiable, honnête et objectif.
2. Caractériser précisément la désinformation climatique, pour renforcer notre sécurité informationnelle en outillant les institutions publiques et les autorités de régulation indépendantes à comprendre la nature et l'étendue du défi, et lutter efficacement contre la désinformation climatique.
3. Réaffirmer le rôle clé des médias et des journalistes en tant qu’alliés essentiels dans la lutte contre la désinformation climatique. Tout est en jeu : crédibilité, proximité avec le public, liberté éditoriale et protection du journalisme environnemental. Il faut changer les règles du jeu pour responsabiliser tous les participants.
La lutte contre la désinformation climatique ne doit pas reposer sur les seules épaules des citoyens. L’éducation aux médias et l'esprit critique sont des leviers non-négligeables, mais insuffisants face à des campagnes de désinformation toujours plus sophistiquées, facilitées par les nouveaux outils d’intelligence artificielle.
Dans 5 ans, l'OTAN estime que 90% des contenus en ligne seront produits par l'intelligence artificielle. Le risque de désinformation sera donc décuplé.
La lutte contre la désinformation n'est pas une fin en soi, elle doit être mise au service d’un projet de défense de la liberté éditoriale des médias, d'autodétermination démocratique et d'égalité sociale.
Contacts presse :
Louna Wemaere, Autrice du rapport, Chargée de plaidoyer européen et international : louna.wemaere@quotaclimat.org, 06 61 68 57 34
Eva Morel, Secrétaire Générale de QuotaClimat : eva.morel@quotaclimat.org, 06 33 40 84 92