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Quotaclimat

Fact-checking des interviews électorales de BFMTV


QuotaClimat a organisé, aux côtés d'une cellule composée de +30 experts sectoriels, un décryptage des trois interviews de l'entre-deux-tours des élections législatives 2024 diffusé par BFMTV le 03 juillet.


Les interviews ont successivement fait intervenir :

Les cellules mobilisées étaient composées de :

  • Sujet Immigration

    • Les équipes de Désinfox-Migrations

  • Sujet Économie - Finances

    • William Honvo, économiste,

    • Simon-Pierre Sengayrac, co-directeur de l'Observatoire de l’économie de la Fondation Jean-Jaurès,

    • Xavier Jaravel, professeur associé d'économie à la London School of Economics

    • Clément Boullé, PhD, agrégé d’économie, chercheur en économie du travail

    • Alexandre M, économiste

    • Corentin D, économiste


Voici le récapitulatif de leurs observations.


Gabriel Attal (Ensemble)


Il a proposé la création d’une comparution immédiate, qui n’existe pas pour les mineurs.

À nuancer - La majorité a supprimé la comparution immédiate dès l’âge de 16 ans en 2021 (source).


Il a affirmé qu'on avait le taux de chômage des jeunes le plus bas depuis 40 ans.

Faux - En 1988-1991 et 2000-2001, le taux de chômage des jeunes était plus bas (source : Insee).


Marine Tondelier (Nouveau Front Populaire)


Elle a affirmé que 31% des Français avaient moins de 100 euros sur leur compte le 10 du mois.

À nuancer - Ce chiffre provient d’une étude IFOP réalisée en juin 2023 en pleine période inflationniste. Il s’agit d’un sondage déclaratif. Par ailleurs, l’étude se concentre uniquement sur le compte courant, elle ne considère pas les potentielles autres épargnes (source : IFOP).


Jordan Bardella (Rassemblement national)


Il a affirmé que l'acquisition de la nationalité française était quasi-automatique aujourd'hui.

Faux - Il y a 2 principales manières d'obtenir la nationalité française : la déclaration de nationalité et la naturalisation. Ces deux processus sont loin d’être automatiques : le taux de succès est de moins de 20% et en baisse depuis 15 ans.


Il a affirmé que, sous Emmanuel Macron, nous avions franchi tous les records d'immigration, légale et clandestine.

À nuancer - Le nombre du titre de séjours délivrés en France est en hausse constante depuis ces 20 dernières années, la dynamique n'est pas liée à l'arrivée au pouvoir d'Emmanuel Macron (source : Insee).


Il a affirmé que l'immigration était une menace pour la sécurité des Français, pour l'identité française et pour les comptes publics.

Triplement faux - Une étude du centre d’études prospectives et d’informations internationales (CEPII), organisme placé auprès du Premier ministre, dément le lien entre augmentation de l’immigration et insécurité : « Les immigrés ne sont pas à l’origine d’une augmentation des taux d’infraction dans les pays d’accueil. (…) Le nombre de délits commis dans un pays n’augmente pas à la suite d’une vague migratoire. »   


En France, les étrangers représentent environ 8% de la populations, 14% des auteurs d’affaires traitées par la justice et 23% des personnes incarcérées. Il n’est cependant pas possible d’imputer l’origine étrangère des auteurs comme la cause des délits. L’étude du CEPII mentionnent d’autres facteurs comme la surreprésentation des jeunes hommes dans la population immigrée ; la précarité économique qui les touche davantage et, enfin, un « traitement différencié » tout au long de la chaîne pénale, « de la probabilité d’arrestation à celle d’être incarcéré ».  (source : CEPII).


Concernant la menace identitaire, il n’y a 7% étrangers dans toute la France (non-français), même si la concentration d’étrangers est plus importante dans certains territoires et quartiers.


Concernant les comptes publics, s’il est vrai que les étrangers sont davantage exposés à la pauvreté que les natifs, on n’observe pourtant pas de “surconsommation” des prestations sociales.


Les comptes publics ne sont pas menacés. Les dépenses liées à l’accueil, l’asile et l’intégration représentaient 1,2 milliards d’euros en 2023. Pour l’AME c’était 1,141 milliards d’euros (0,48% des dépenses de soin en France), auquel il est possible d’ajouter 1,8 milliards d’euros engagés pour lutter contre l’immigration irrégulière. Ces chiffres cumulés représentent 1,65% du budget 2023, sans évoquer les bénéfices.


Il a affirmé qu'il y avait un vide juridique aujourd'hui autour de la lutte contre le fondamentalisme islamiste.

Faux - Des dispositions de lutte existent. Le Gouvernement porte une stratégie globale de lutte contre le séparatisme, dont le projet de loi confortant le respect des principes de la République constituait l’une des clés de voûte. Avec la loi n° 2021-1109 du 24 août 2021 confortant le respect des principes de la République,définitivement adoptée par le parlement le 23 juillet 2021 et dont les dispositions ont été validées le 14 août 2021 par le Conseil constitutionnel, les pouvoirs publics se sont dotés d’un arsenal d’outils pour lutter contre le séparatisme et défendre les valeurs de la République.


Il a affirmé souhaiter interdire les Frères musulmans sur le sol français.

Fallacieux - C’est déjà le cas. Les autorités refusent toute forme d’islam politique et mènent une lutte déterminée contre les Frères musulmans (inscrits sur liste des organisations terroristes depuis 2014).


Il a affirmé que la moitié des gens qui sont suivis pour leur proximité avec le fondamentalisme islamiste en France sont étrangers.

Faux - Une personne suivie pour radicalisation à caractère terroriste en France sur cinq est étrangère, soit un total de 4 263 sur 20 120 d'après les déclarations de Gérald Darmanin suite aux attentats d'Arras en octobre 2023.


Il a affirmé que grâce les économies sur le carburant permises par la réduction de TVA permettraient aux Français de partir davantage en vacances.

À nuancer - Selon les résultats annuels du baromètre OpinionWay pour Sofinco, le budget moyen des foyers français pour partie en vacances est de 1 697€, soit en hausse de 185€ par rapport à 2023. Par ailleurs, le premier poste d’économie est loin d’être le transport : c’est en premier lieu la restauration, et les économies du quotidien (courses, vetements, produits de beauté, budget loisir).


Il a affirmé qu'on offrait des soins à des étrangers en situation irrégulière alors qu'un Français sur trois renonce à se soigner parce que le reste à charge est trop important.

Faux - Comme l'a démontré la cellule de fact-checking de TF1, le RN se fonde sur deux sondages réalisés en 2013 et 2018 sur un échantillon de 1000 personnes, qui concluait que "près d’1 Français sur 5 (18%) a eu des difficultés pour payer ses frais de santé au cours des 12 derniers mois" et que "près d’un tiers des Français (30%) ont déjà renoncé à se faire soigner au cours des 12 derniers mois, notamment les CSP- (36%), les ouvriers (41%) et les jeunes de moins de 35 ans (36%)".


Or, à partir d'un large échantillon de 16 945 répondants, l'Insee aboutit à des statistiques bien moins alarmistes : seuls 3,8% des Français affirment en 2017 avoir renoncé à au moins un soin. Par ailleurs, en 2022, le coût des soins dispensés aux étrangers en situation irrégulière s'élève au minimum à 1,7 milliard d'euros, ce qui correspond à 0,5% des dépenses de l’État relatives au soin (source : Vie Publique et Drees). Ce montant est en revanche prévu pour croître de façon significative au cours des prochaines années (source : Commission des Finances).


Il a affirmé que deux tiers des actifs de plus de 60 ans étaient sans emploi. Qu'ils étaient soit soumis à l'invalidité, soit au RSA, soit au chômage. Par conséquent, que lorsqu'on décalait l’âge de départ à la retraite, on augmentait les dépenses sociales, un coût estimé par le ministère de la Santé à 3,6 milliards d’euros.

Faux - La majorité des personnes de plus de 60 ans sont à la retraite et ne sont pas donc comptées comme actifs sur le marché du travail. Parmi ceux qui restent actifs, le taux de chômage est très faible et bien inférieur au taux d’emploi. Le taux d’inactivité (ni emploi, ni retraite, ni chômage) reste élevé, mais ce ne sont donc pas des “actifs”, par définition.  En 2021, une personne de 55 à 69 ans sur six ni en emploi ni à la retraite, une situation le plus souvent subie (source : Insee).


La réforme des retraites votée en 2023 a effectivement coûté quelques centaines de millions d’euros l’année de son vote, mais uniquement l’année de son vote. Cette année, celle-ci devrait rapporter quelques centaines de millions d’euros, et devrait monter en puissance pour permettre de rapporter au moins 6 Md€ d’économies par an en année pleine (Source : Institut Montaigne).


Au-delà des économies attendues, celle-ci permettrait d’augmenter le nombre d’actifs dans l’économie, et donc la croissance de la richesse nationale. Des recettes supplémentaires seront donc tirées des cotisations sociales supplémentaires portant sur les salaires et sur les revenus.


Il a affirmé qu'augmenter le SMIC allait créer du chômage.

Faux - Le consensus est que l’effet de l'augmentation du salaire minimum sur l’emploi, s’il existe, est très faible. L’économiste Attila Lindner a conclu en 2019 à un effet nul dans le contexte américain. Sur les données hongroises, il a observé la même année un léger effet emploi négatif.


La littérature sur l’introduction du salaire minimum allemand en 2015 établit que l’effet emploi était faible, bien en dessous des craintes qui parcouraient les débats politiques dans le pays au cours des élections de 2013.


En France, le SMIC est indexé sur l’inflation et aucune politique n’a touché à son niveau depuis longtemps, ce qui rend l’estimation particulièrement compliquée. Il n’y a pas d’études sérieuses sur le sujet depuis la fin des années 1990. Cette revue de littérature datant de 2018 conclut que le SMIC n’a pas d’impact sur l’emploi en France.


Il a affirmé que les contrats d'électricité de longue durée favorisent les entreprises électro-intensives et les énergéticiens.

Faux - Les entreprises de grande taille, disposant de plus de visibilité sur leurs projections budgétaires à horizon 3-5 ans, sont plus à l'aise de contractualiser (par défaut), en revanche même elles ne considèrent pas à ce jour les tarifs proposés comme avantageux, en témoignent les difficultés de contractualisation actuellement vécues avec EDF.




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