À l'invitation de Virginie Menvielle, nous sommes intervenus à l'ESJ Lille devant une promotion d'étudiants en L3, au sujet du traitement médiatique de la COP29.
Le point d'ancrage de la discussion était le concept de triangle de l'inaction (à main levée, aucun étudiant n'en avait entendu parlé) : le concept, théorisé par Pierre Peyretou, selon lequel l'inaction écologique serait alimentée par un cercle vicieux où les entreprises, les responsables politiques et les citoyens se renverraient la responsabiltié de l'action, en attendant que les autres agissent pour le faire à leur tour.
Pour casser cette boucle de rétroaction négative, les médias possèdent un pouvoir d'action :
En rendant visible les leviers d'action
En rendant chacun redevables
En créant un enjeu réputationnel autour de l'action écologique
Le problème des COP tient (en partie) à la disproportion entre les attentes et les résultats, qui résulte dans un défaitisme prophétique.
Le traitement médiatique des COP, et cette COP29 n'en fait pas exception, ressemble beaucoup à cela :
Cette information n'est pas anodine : en prédisant la déception, les médias participent à la produire. Si les responsables politiques ne se sentent pas attendus au tournant, ils n'auront pas d'enjeux à faire preuve de volontarisme, voire à s'y rendre.
L'information produite par les médias est performative. Preuve en est : cette année, les dirigeants désertent, alors même que les enjeux n'ont jamais été aussi grands de s'y rendre.
Or, la dimension stratégique des COP est bel et bien comprise des acteurs dont l'intérêt réside dans le ralentissement des négociations, et en premier lieu : l'industrie fossile.
En alimentant la déception, et en désincitant par ce biais les dirigeants à répondre à des attentes citoyennes, les yeux médiatiques se détournent du fond des négociations, laissant la place libre à celles et ceux qui investissent efficacement ces enceintes - entre autres, les industriels et lobbyistes.
Bref : les médias ont un rôle à jouer dans le rehaussement des ambitions de ces grands rendez-vous diplomatiques internationaux, sans lesquels nous ne disposons ni d'objectifs communs, ni d'objectifs cohérents.
Couvrir davantage le sujet de manière constructive pourrait passer par le fait de rendre visibles :
Les implications du fonctionnement de la COP sur l’orientation stratégique des négociations
La présence et le rôle des organisations non gouvernementales
Les tensions historiques entre pays riches, pays émergents et pauvres
Le regard des scientifiques et experts
Les événements auxiliaires de mobilisation et d’action pour le climat
La traduction des concepts internationaux abstraits en réalités concrètes