
Ceci est un extrait des conclusions de la présidence polonaise du Conseil de l’Union européenne. Il change la donne politique en matière de lutte contre la désinformation. Car il reconnaît officiellement qu’en période de crise (pendant les événements météorologiques extrêmes, par exemple), les fausses informations se propagent plus vite que les faits.
Et que c’est un vrai danger pour nos démocraties.
Cette reconnaissance institutionnelle est une énorme avancée, car elle fait entrer le sujet dans l’agenda politique officiel de l’UE.
Quand un État membre en présidence inscrit la désinformation (ici climatique) dans ses conclusions, en particulier en période de crise, cela ouvre la voie à des actions concrètes :
- Renforcer la régulation,
- Développer des systèmes de gestion de crise,
- Exiger plus de transparence et de modération des plateformes,
- Soutenir le journalisme de qualité
C’est un tournant politique : la désinformation climatique n’est plus un simple enjeu sectoriel ou technique.
Elle est désormais perçue comme un risque démocratique et stratégique, que l’Union ne peut plus se permettre d’ignorer.
Et pour cause : les crises climatiques sont déjà un terrain d’expérimentation pour les campagnes de désinformation.
Celles-ci suivent des schémas bien rodés, avec des objectifs clairs :
1) Exploiter le chaos et amplifier la perte de repères :
En octobre, après les inondations meurtrières de Valence qui ont fait plus de 230 morts, de fausses informations ont largement circulé, notamment un faux numéro d’urgence, diffusé massivement en ligne.
2) Désigner des boucs émissaires et détourner l’attention des causes systémiques :
En Californie, les incendies historiques de janvier ont été attribués par certains à des « interdictions de pomper l’eau pour protéger certains poissons », ou à une politique de diversité.
Ici les médias traditionnels ont un rôle de rempart à jouer, alors qu’ils encore perçus comme la source la plus fiable pour la majorité des européens.
Une stratégie « rentable » démocratiquement, mais aussi financièrement : lors des incendies en Californie, le Los Angeles Times a enregistré une hausse de 800 % de son audience et une augmentation de 259 % de ses abonnements, malgré la levée de son paywall.
Malgré un emballement 1) des évènements climatiques extrêmes 2) de la désinformation, les dispositifs existants (par exemple le Digital Services Act) et l’autorégulation des médias (sociaux et traditionnels) ne suffisent pas.
Or, ce statu quo expose les Européens à une perte de souveraineté stratégique et informationnelle.
Reste à espérer que cette reconnaisse politique se matérialise rapidement, par la prochaine présidence danoise du Conseil de l’UE en juin et portée par les Commissaires en charge (Wopke Hoekstra, Teresa Ribera).